Un projet concerté de restauration de la continuité écologique autour du saumon.
Par Jean-Baptiste Barthélémy
Sous la direction de Marie-Anne Germaine
Master 1
Année 2018-2019
Mots-clés: barrage, saumon, Allier, Poutès, alevinage, continuité écologique
Résumé:
L’érosion de la biodiversité et le changement climatique sont deux préoccupations majeures de ce début de siècle. L’aménagement de barrages est présenté comme une solution pour produire une énergie décarbonée. Cependant, ces ouvrages ont un impact fort sur la continuité écologique des rivières.
Le saumon a vu sa population décliner au point d’être une espèce très vulnérable sur le territoire. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, mais la multiplication des barrages est identifiée comme un des facteurs aggravants. Sur l’Allier, le barrage de Poutès est identifié comme l’un des points noirs pour la migration des saumons au bord de l’extinction. Ciblé depuis plus de trente ans par les associations de protection de l’environnement, l’ouvrage est arrivé en fin de concession en 2007. Une concertation s’est mise en place pour le réaménager afin de répondre aux enjeux de production électrique décarbonée et de préservation du milieu.
Si cette concertation est vue comme un exemple de projet mené « en bonne intelligence » par la plupart des acteurs, elle révèle aussi des tensions opposant deux visions de la reconquête du milieu par le saumon.
Une première vision est défendue par les acteurs de l’amont pour un alevinage de smolts issus de pisciculture afin de soutenir les populations déclinantes et permettre un retour en nombre plus rapide. Une autre vision est défendue par les acteurs de l’aval pour un retour plus « naturel » du saumon en évitant le risque de pollution génétique que pourrait engendrer un alevinage massif. Il y a d’un côté une volonté de redynamiser un territoire en déclin économique en permettant la réouverture de la pêche au saumon et de l’autre une volonté possible de réduire les coûts financiers d’un alevinage soutenu.
La mobilisation autour du saumon n’est pas anodine. C’est une espèce emblématique par son lien à la fois historique et économique avec les sociétés humaines. L’anguille est un autre poisson migrateur très vulnérable sur l’Allier et la comparaison de la manière dont sont perçues ces deux espèces montre que les politiques de préservation sont encore très anthropocentrées.